mixed feelings (gabi/sheri)

tw: aucun.

Le soleil commence à baisser à l’horizon et Oceanside semble se préparer pour le spectacle du crépuscule. Un ciel teinté d’une palette de couleurs chaudes parent des derniers rayons du jour les façades des maisons en bord de mer. Rues légèrement ombragées par les palmiers qui bordent les trottoirs, c’est la petite tradition de Gabi à cette période de l’année en sortant du travail. Une petite marche le long de la côte pour apprécier la vue et l’ambiance que dégage la petite ville californienne. La croisée des chemins entre l’activité du port où les bateaux amarrent après une longue journée et ces personnes, toutes apprêtées, sur le point d’aller siroter un verre de vin ou manger dans l’un des restaurants réputés du bord de mer. C’est ce décor de bord de mer qui lui plait, une des raisons pour lesquelles il n’a jamais réellement cherché à quitter sa ville natale. Il s’y sent bien, alors pourquoi aller voir ailleurs ? La présence de ses amis d’enfance – et du business qu’ils ont monté ensemble – est évidemment également une raison non négligeable. Un léger sourire s’affiche sur ses lèvres, depuis quelques mois et pour la première fois depuis des années – depuis le lycée, en vérité – Gabi est heureux. Les drames et les boulots qui ne lui plaisent pas derrière lui, il apprécie finalement tout ce que la vie lui apporte. Bien qu’il ne soit jamais de ceux qui diront que son travail n’en est pas un à ses yeux – le côté obligatoire de la tâche reste pénible – il a enfin trouvé une activité qui lui plait, dans laquelle il peut s’épanouir. Ce rêve de gosse qui se réalise enfin, entouré des personnes qui lui sont le plus chères, le comble plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Perdu dans ses pensées, une scène se déroulant à quelques mètres devant lui vient pourtant le ramener dans le monde réel, une femme subtilise habilement le portefeuille d’un homme sans qu’il ne semble s’en rendre compte dans un premier temps. "Hey!" s’exclame-t-il alors qu’il s’approche d’eux à grandes enjambées. Si le sens moral de Gabi est facilement corruptible, le vol aux pauvres passants qui n’ont rien demandé ne fait pas spécialement partie des petites infractions qu’il tolère. Alors qu’il arrive à leur hauteur et que la jeune femme se tourne vers lui, il ne peut cacher sa surprise. Ces yeux en amande, ce regard perçant. "Sheri…" laisse-t-il échapper. La scène lui parait tout à coup bien plus familière et n’est pas sans rappeler les événements qui ont mené à leur rencontre quelques temps auparavant. Il a lui aussi été victime de ce qui semble apparemment comme une tendance récurrente de Sheri à s’improviser pickpocket. A l’époque il s’en est rendu compte suffisamment tôt pour la retrouver et récupérer son bien. Il aurait pu aller directement voir les flics mais Gabi n’est pas du genre à faire confiance aux autorités, pour diverses raisons. Il l’a pourtant menacé d’aller la dénoncer, que ce soit au poste de police ou à son patron afin d’obtenir des excuses de sa part. C’est la seule réparation qu’il a demandée et elle a été particulièrement difficile à obtenir, Sheri se montrant singulièrement fière et laissant son orgueil dicter sa conduite. L’insistance de Gabi eu finalement raison d’elle et c’est pleine de frustration qu’elle lui demanda son pardon. Leçon qui n’a pas été assimilée puisqu’elle se retrouve dans une situation similaire aujourd’hui. Sans trop savoir en expliquer la raison, Gabi n’a pas envie de la mettre dans une situation plus difficile qu’elle ne l’est actuellement. Ce n’est pas de la compassion pour sa situation, plus de l’intérêt insaisissable. Elle l’intrigue, Sheri. Les jours qui ont suivi leur rencontre, il a pensé à elle de manière aléatoire et il a bien fallu deux semaines pour qu’il arrive à se la sortir de la tête. Jusqu’à aujourd’hui. Mais la situation est sur le point de se corser alors que le type dont le portefeuille a été dérobé réagit finalement à l’interjection de Gabi. The fuck 'you want? Légèrement désemparé et ne sachant pas réellement qu’elle suite donner à cette interaction, Gabi tourne le regard vers Sheri, dans l’attente qu’elle prenne la situation en main. Qu’elle lui rende le portefeuille en prétextant qu’il est tombé de sa poche et tout le monde s’en portera pour le mieux.