hold my hand in secret. (gabi/arisia)

tw: aucun.

Le soleil décline doucement à l’horizon, baignant la ville dans une lumière orangée qui semble réchauffer l’atmosphère. La vue depuis le Rooftop Bar est vraiment impressionnante et si Gabi n’a pas ses habitudes ici, cela fait pourtant deux fois en l’espace de deux semaines qu’il vient manger ici. Deux occasions complètement différentes, bien que certaines mauvaises langues argumentent qu’elles sont bien plus proches qu’il n’y parait. Le week-end dernier c’est avec Pippa et les parents de cette dernière qu’il et venu manger. Aujourd’hui, il s’agit d’un date. La simple évocation du mot est déconcertante, ce n’est pas quelque chose qu’ils ont l’habitude de faire avec Arisia. Ils passent du temps l’un chez l’autre, font de rares sorties ci et là, mais un date à proprement parlé ? C’est plutôt nouveau pour eux. Gabi était d’ailleurs hésitant avant de lui proposer, un peu nerveux à l’idée qu’elle puisse lui rire au nez en lui expliquant que ce n’est pas le genre de relation qu’ils entretiennent. Mais la surprise fut positive, tout comme sa réponse. Un rapprochement s’est opéré entre eux depuis quelques temps, ils se comprennent davantage, sont plus proches, plus à l’aise avec l’autre. Parce qu’il ne souhaite pas trop brusquer Arisia, Gabi a choisi un simple rendez-vous au restaurant, rien de trop particulier qui puisse la mettre trop mal à l’aise. S’il y a bien de cela dans son choix, en réalité Gabi manque également cruellement d’originalité pour ce genre de choses et se contente généralement des classiques : restaurants, cinés, exposition, pique-niques, etc. Parce qu’ils ne sont pas un couple et qu’ils se plaisent à se le répéter, ils ont décidé de se rejoindre directement au Rooftop Bar plutôt que d’y aller ensemble. Une fois n’est pas coutume, Gabi est arrivé en avance. Une certaine nervosité, plutôt inhabituelle l’habite. S’il est pourtant à l’aise en la compagnie d’Arisia en temps normal, il ressent un besoin nébuleux de faire bonne impression ce soir. Non pas qu’il s’agisse d’une étape déterminante pour la suite de leur relation, mais il veut plaire, peut-être encore plus qu’habituellement. Alors qu’il regarde distraitement la carte, il aperçoit du coin de l’œil Arisia s’approcher de la table. "Wow." se contente-t-il d’échapper dans un premier temps, estomaqué par la vision qui s’offre à lui. "Stunning, breathtaking, otherworldly. I could go on and on and on..." Le sourire qui s’étire sur ses lèvres est on ne peut plus sincère et une certaine tendresse s’empare de ses yeux alors qu’il croise ceux d’Arisia. Elle est effectivement sublime et en cet instant précis il s’estime particulièrement chanceux qu’elle ait accepté cette proposition qui ne leur ressemblait pas vraiment. Lui a pris ce qui lui est tombé sous la main et s’est contenté d’enfiler son pantalon et cette chemise blanche qu’il soupçonne d’être celle dont Haneul se plaint d’avoir perdu depuis une semaine. Tant pis pour lui. "How’s your day been?" reprend-t-il finalement, le ton léger. Si la situation le rend un peu mal à l’aise, il n’a assurément pas envie de le relever. Après tout, cette idée est la sienne, celle de sortir de la zone de confort qu’ils se sont construite depuis plusieurs mois maintenant. Alors il essaie les banalités pour donner l’illusion que cette situation inhabituelle pour eux est en fait tout à fait ordinaire. Il considère un instant un trait d’humour mais la seule punchline qui lui vient à l’esprit parait inappropriée et bien qu’ils soient plus que familiers, une blague salace ne lui apparait pas comme la meilleure manière d’entamer ce date. Peut-être au dessert, qui sait. "So, Cabrera, do tell… what are your darkest secrets ?" lance-t-il en plaisantant alors qu’il lui tend la carte du restaurant. Le léger rire qu’il échappe dissipe un peu le malaise qui l’habite, il espère également que le premier verre qu’il s’apprête à commander lui permettra de poursuivre dans cette voie. Faire tomber petit à petit les inhibitions pour qu’ils retrouvent le naturel qu’ils ont en privé, celui qu’ils ont appris à aimer au fur et à mesure de leurs tête-à-tête dans l’intimité de leurs foyers respectifs.

tw: —

‘’Can’t talk mom, I’m already running late to meet someone’’ ; la voix de Arisia résonne dans tout l’habitacle de la voiture tout comme la voix de sa mère, quelques secondes plus tôt. Arisia n’en dit pas plus que ça à sa mère, qui semble toujours prête à l’écouter, peu importe la raison des rares appels qu’elle peut lui faire. Souvent juste pour l’assurer qu’elle est toujours en vie, que sa carrière d’avocate se passe bien, mais s’il y a un sujet sur lequel elles ne vont pas, c’est celui des relations amoureuses. Parce que Arisia n’a pas beaucoup à dire sur ce sujet ou plutôt elle n’a pas envie de dire quoi que ce soit. Comment expliquer à sa mère qu’elle n’est pas en couple, mais qu’elle voit quelqu’un on the low depuis quelques temps maintenant sans que rien ne soit officiel?

Cette date est certainement le truc le plus officiel entre Gabi et Arisia. La scène encore très fraîche dans sa tête et si elle ferme les yeux, Arisia est certaine d’avoir l’impression d’être présente lors de ce moment. De ressentir la nervosité de Gabi, la vibration de son rire accompagnant sa réponse. La nervosité encore loin de se faire ressentir jusqu’à ce que le jour J arrive et que la panique se fasse ressentir en Arisia — des détails mineurs apparaissant, en partant du choix de vêtement, toujours dans les couleurs neutres, jusqu’à comment elle peignerai ses cheveux.

Et maintenant? Elle est là, devant le bar choisi.
Elle est là, avec les mains moites pour la première fois depuis des années. Arisia ne se rappelle plus la dernière fois où elle s’est sentie de cette manière, peut-être lors de l’examen du barreau ou lors de son entrevue pour le cabinet d’avocats où elle bosse actuellement. Des moments stressants pour tout le monde. Même Arisia. Mais ce soir, c’est différent. Après tout, ce n’est pas n’importe quoi : it’s a date. Une vraie. Ça lui prend encore quelques instants avant de s’avancer jusqu’à la table où elle aperçoit Gabi, de loin. Repéré de loin, une inspiration plus tard et ses pas s’avancent. When was the last time you had a date, Arisia? Ne peut même pas se répondre mentalement car elle-même ne possède pas l’information. « I know, right? I would have said the same thing if I saw me tonight. » La réplique est prétentieuse, tout comme Arisia arrive à l’être une fois de temps en temps. Pourtant, elle lui offre tout de même un sourire, un véritable sourire. De ceux qu’elle n’offre pas à n’importe qui, souvent réservé à sa mère, la seule qui arrive à voir derrière sa carapace. Qui lui répète sans cesse qu’elle a tant à offrir au monde, mais il est plus facile de se dissimuler dans sa tour d’ivoire et continuer d’ériger des murs tout autour d’elle. Gabi est une autre exception. Alors qu’elle laisse échapper un rire, incapable d’empêcher ses lèvres s’agrandir en un sourire plus grand qu’à l’ordinaire. « You’re looking good as well, Dani. I see you. » Remarque l’effort qu’il a fourni, aussi minime qu’il soit — c’est elle qui a tendance, parfois, à en faire trop. Son choix s’arrêtant sur une robe noire simple, rien d’éclatant qui passe inaperçu. Puis elle coince un court instant, ne sachant pas quoi faire à la suite de sa réponse alors se contente de s’asseoir face à Gabi. Le soupir qu’elle pousse qui ne passe pas inaperçu. « Quite boring actually. Tons of paperwork, tons of back and forth with some other department. My computer decided to crash in the middle of something so I went to my little garden then it was time for this— » Essaie encore de se faire une idée de la situation. « Our date. » Le goût reste étrange même après se l’être répété une dizaine de fois. Puis ses prunelles capturent les siennes. « Yours? » Au moins, elle a la décence de s’intéresser aux siennes.

« If I tell you, I’ll have to murder you after, Vásquez. » Sourire taquin aux lèvres, elle prend la carte que Gabi lui tend, la seule raison qui la fait perdre le contact visuel avec lui. « And we don’t really want that, don’t we, Gabi? » Relève le regard, incline la tête légèrement à la droite et lui adresse un clin d’oeil avant que son attention retourne à la carte. Elle a besoin d’un verre, de se donner un peu de courage.